Fenêtre sur Cours

S'il y a bien un point sur lequel je suis attaquable en tant que cinéphile, c'est sur le faible nombre de films réalisés par le grand Alfred Hitchcock que j'ai vu. Seulement trois avec celui que je vous présente aujourd'hui. J'essaierai donc de corriger le tir en me procurant les autres longs du maître du suspense. Titre qui d'ailleurs prend tout son sens avec Fenêtre sur Cours où le réalisateur s'amuse avec le spectateur pendant quasiment une heure et quart avant de rentrer véritablement dans le concret. Dire que ce film est sorti il y a plus de cinquante ans et que malgré cela rares sont les films actuels qui peuvent prétendre talonner ce chef d'oeuvre.
 
 


Immobilisé à la suite d'un reportage sur une course d'automobiles où sa jambe a été brisée, le journaliste Jeffries est contraint de rester chez lui pendant six semaines. N'ayant rien d'autre à faire, il décide d'observer les appartements depuis sa fenêtre afin d'étudier les activités de ses voisins. Parallèlement, son histoire avec Lisa semble perdue car leurs opinions sur le mariage diffèrent totalement. Un soir d'orage alors que Lisa est partie fâchée, Jeffries pense voir un de ses voisins camoufler le meurtre de sa femme.
 



Encore une fois Hitchcock excelle dans la catégorie "faire un film à partir de rien". Car dans Les oiseaux et dans ce Fenêtre sur Cour, c'est bien ce dont il s'agit !
A partir d'un élément totalement anodin, le réalisateur est parvenu a réaliser l'un des meilleurs thrillers de son époque, voir même de tous les temps. Et c'est bien là que se situe le tour de force ! Pendant une heure et quart on ne sait rien de ce qu'il se passe réellement ! Car les agissements du voisins sont certes louches mais un élément concret se déroulant pendant le sommeil de Jeffries dément l'histoire du meurtre. Pendant tout ce temps nous balançons entre la théorie et le concret tandis que de son côté le voisin semble agir à peu prêt normalement.
Puis aprés une heure et quart et pendant une demi-heure, on n'en saura toujours pas plus mais les personnages décident d'agir. On jurerait en fait que ces personnages comprennent qu'on veut du concret et qu'ils feront leur possible pour nous l'apporter. La dernière partie du film est donc extrêmement tendue avec des scènes absolument glaçantes (une image qui restera dans les mémoires : la lueur de la cigarette du voisin qui ressort de la pénombre : sait-il qu'il est observé et est-ce un message pour Jeffries ?).
Par contre sur les trois films du réalisateur que j'ai vu, c'est le premier a avoir un côté humour noir trés prononcé.
En effet pendant la première heure les dialogues et répliques assassines fusent ! Les comédiens sont par ailleurs trés bon avec notamment la belle Grace Kelly et le fabuleux James Stewart. Fabuleux car il passe tout le film avec une jambe dans le plâtre. Sa scène de confrontation avec le voisin avec les flashs étant sa meilleure performance dans le film.
Hitchcock parvient donc une fois de plus à raconter une histoire en apparence banale et à captiver le spectateur avec sa mise en scène angoissante et tenant de l'exploit : l'intégralité du film se déroule dans l'appartement de Stewart ! Le spectateur aurait pu se lasser, mais non ! Car pendant tout le film lors des plans où les autres appartements sont visibles les voisins sont visibles et le spectateur sera constamment en train de voir qui fait quoi et si quelqu'un observe Jeffries.
Un sommet du suspense, tout simplement.
 
 
Ma note : ****