David Ayer, ce nom ne vous dit peut être rien, mais si vous êtes un mordu de cinéma, il y a de fortes chances que vous ayez vu au mois un film sur lequel il a travaillé. Que ce soit en tant que scénariste (U-571, S.W.A.T. Unité d'élite, Fast and Furious, Training Day) ou en tant que réalisateur (le trés bon mais méconnu Au bout de la nuit), ce gars a toujours collaboré sur des oeuvres au moins divertissantes, au mieux cultes. Avec End of Watch, le réalisateur retourne sur son terrain de prédilection : les rues malfamées de Los Angeles.

Brian Taylor et Mike Zavala sont deux officiers de police chargés de patrouiller dans le secteur le plus dangereux de Los Angeles, bien loin d'Hollywood Boulevard. A l'initiative de Taylor, les deux hommes portent des caméras et filment leurs interventions. Querelles de voisinage, insultes, filatures, poursuites et fusillades forment le quotidien de ces flics qui une fois rentrés du boulot sont des hommes normaux, avec une femme et des enfants. Mais un jour le duo interpelle un homme faisant partie d'un cartel Mexicain.

L'objectif de David Ayer avec End of Watch était de faire le film le plus réaliste possible sur les flics de Los Angeles, bien loin des standards d'Hollywood tels que L'Arme Fatale ou Training Day (attention je ne crache pas sur ces films, mais niveau crédibilité on se posait loin). Pour accentuer ce réalisme, le réalisateur a effectué un choix à double-tranchant : l'utilisation de caméras style Go Pro ou petits camescopes numériques et un cadrage fait en partie par les acteurs. Avantage : pour être crédible, on fait pas mieux, inconvénient : la lisibilité de l'action peut parfois en prendre un coup. Fort heureusement ce dernier point n'est pas trés présent dans le film, l'action étant toujours très lisible malgré quelques plans un peu trop mouvementés, surexposés et penchés, mais ils permettent d'ajouter à la confusion qui règne pendant une fusillade. Car contrairement à De Palma avec son Redacted, Ayer n'a pas oublié l'action ! Les deux flics vont en voir de toutes les couleurs en mettant accidentellement le pied sur le territoire d'un cartel : découverte de clandestins, charniers... Tout autant de situations qui justifieront la censure dont le film a été frappé. Le film conserve certes un aspect spectaculaire (les nombreuses fusillades sont intenses) mais on reste crédible avec au final pas trop de tués et une violence crue (attendez vous à quelques interventions chocs).
Les acteurs sont quand à eux formidables : Jake Gyllenhaal et Michael Peña (vu récemment dans Gangster Squad) affichent un naturel et une complicité déconcertante qui rendront les personnages attachants et surtout humains. Car d'habitude dans ce genre de polars les flics sont soit des as de la gâchette soit des ripoux. Là on ne voit que deux hommes qui font leur boulot et qui ont des soucis comme chacun : difficulté à tenir avec la même nana pour Gyllenhaal, grossesse de la femme de Peña... Comme d'habitude les truands et figurants des membres de gangs sont parfaits, c'est bien simple dès le début lors de la séquence à l'arrière du van (les flics ne sont pas les seuls à se filmer pendant leurs actions) on a envie de les voir menottés ou une balle dans le buffet (avec une préférence pour la deuxième option). Bref la sensation d'être constamment observés par les habitants du quartier est toujours aussi intacte depuis Training Day.
Mais le film n'est hélas pas parfait. Certaines séquences sont franchement longuettes et l'action est assez mal dosée en fin de compte. En gros cela donne une première et une dernière demi-heure qui bougent, avec quarante minutes plus lentes entre les deux. Une interpellation de plus aurait pu combler cela, mais ne crachons pas non plus dans la soupe, on voulait un film réaliste, on l'a, et il est très bien comme ça.
David Ayer rajoute encore une fois un superbe polar à son CV, avec un final extrêmement prenant et brutal et qui surtout réhabilite les policiers (ces derniers temps, la mode est plutôt de leur cracher dessus et de les faire passer pour des méchants). Les prochains polars se voulant réalistes auront du mal à faire le poids.
Ma note : ****
cine-analyse, Posté le dimanche 11 mai 2014 10:13
Je ne l'ai pas vu