Vous pensiez que seuls les jeunes réalisateurs pouvaient tenter leur chance à hollywood ? Détrompez vous ! Comptant parmi nos cinéastes les plus prestigieux, Bertrand Tavernier est lui aussi parti à l'aventure de l'autre côté de l'Atlantique pour une adaptation de roman : Dans la brume électrique. Un frenchy aux commandes d'un film se déroulant en Louisiane (soit une ex-colonie française), quelque part cela semblait logique ! Mais comment s'en est sorti le réalisateur de Capitaine Conan ?

Dave Robicheau est un flic de Louisiane qui n'hésite pas à transgresser les règles pour faire progresser une enquête. Lorsqu'il est mis sur une affaire de meurtre d'une jeune prostituée, Dave comprend bien vite que la victime n'est pas la seule à avoir été assassinée. Ses investigations vont le mener dans les recoins les plus sordides de l'état, entre les marais brumeux et les villes ravagées par les ouragans.

Avec un pitch aussi glauque, je m'attendais à un polar bien sombre et angoissant dans la lignée des meilleurs Fincher, voir même de la saison 1 de True Detective qui avait pour cadre la Louisiane et qui avait su créer une sacrée intrigue en huit heures avec pourtant très peu d'action ! Malheureusement, Tavernier ne signera pas un chef d'oeuvre avec ce film.
Pourtant le scénario est plutôt bien ficelé, avec une légère touche mystique (le final semble être un hommage à Kubrick) ainsi qu'une paire de rebondissements assez inattendus (honnêtement je n'ai pas vu venir le tueur) malgré quelques trous (à la fin, on est un peu perdus sur les motivations de chacun), mais le soucis c'est que le rythme est extrêmement lent. Alors oui Tavernier n'est pas un réalisateur de blockbuster truffés de fusillades et de bastons, mais il a souvent réussi à rythmer ses films (voir les batailles de La Princesse de Montpensier, les obstacles rencontrés par le couple d'adoptants de Holly Lola ou encore les affrontements de Capitaine Conan). Or, le film se résume à une deux heures de Tommy Lee Jones qui tire la tronche. Alors oui il la tire très bien et on le sent dans son personnage, mais voilà, voir Jones marcher, réfléchir, conduire, marcher, conduire, parler.... Cela finit par lasser. Mais le pire concerne ses discussions avec le général sudiste. Le côté fantastique est en soit une bonne idée, mais le soucis c'est que les discussions sont insipides et trop philosophiques pour être intéressantes. Bref en se focalisant sur Robicheau, Tavernier en oublie les autres personnages, et malgré quelques bons acteurs (John Goodman, Kelly MacDonald, Peter Sarsgaard) on ne parviendra pas à s'attacher à eux. Mais surtout, le film manque cruellement de tension : avec un tueur en série en cavale dans le bayou, pourquoi se résumer à aussi peu de séquences tendues ? Et c'est encore plus regrettable lorsque lesdites séquences comptent parmi les meilleures : le coup de feu dans le bayou, la découverte de la planque, la scène à la gare ou l'échange de tirs sont de ces scènes qui relancent une intrigue et vous donnent la force et l'envie de continuer; Dommage qu'il n'y en ait pas davantage.
Dans la brume électrique est au final un polar qui se laisse voir, mais venant de Tavernier, je m'attendais à beaucoup mieux.
Ma note : **