Lors de la récente révélation des nominés de la prochaine cérémonie des Oscars, j'ai eu deux réactions. La première, me dire que, putain, La La Land, on va en bouffer pendant un moment, et la seconde que Comancheria était en course pour le prix du meilleur film ! Le film étant passé inaperçu chez nous (87 000 entrées, autant dire un beau flop), je me suis demandé ce qu'il avait de si bon pour être retenu par l'Académie. Et puis j'ai appris que le scénario était signé Taylor Sheridan, scénariste de l'excellent Sicario. Alors là, le film commence à vraiment m'intéresser ! Comment ? Il vient de sortir en DVD ? Voilà qui tombe bien !

Au Texas, deux frères décident de braquer des agences pour pouvoir rembourser les emprunts que leur mère, décédée récemment avait contracté auprès de la banque à qui appartiennent les agences. Très vite, un ranger à quelques jours de la retraite est mis sur leur piste, et malgré son âge, le vieux policier parvient très vite à retrouver la trace des frères et à comprendre leur logique.

2016 aura décidément été sur le plan cinématographique l'année du Western nouveau. En effet le Western a été approché sous plusieurs angles novateurs qui ont permis au genre d'être revisité. Le genre a ainsi été associé au survival (The Revenant), au thriller (Les 8 Salopards), au film d'action (Les 7 Mercenaires) et au film d'horreur (Bone Tomahawk), et donc avec Comancheria, David McKenzie a opté pour une approche moderne et crépusculaire. Car ne vous y fiez pas, malgré son synopsis qui le rangerait dans la catégorie des films de braquage, Comancheria est bel et bien un pur western ! On y trouve ainsi tout ce qui fait le sel du genre : des hors la loi braqueurs de banques, des figurants arborant tous un Stetson où une arme à feu, un Shérif dur à cuire, des échanges de coups de feu dans le désert... Comme quoi le Texas sera toujours une contrée de cow boys où le flingue et le chapeau seront à la mode quoi qu'il arrive ! Mais au delà de son approche moderne du western, Comancheria séduit également par son scénario qui brouille habilement notre perception du bien et du mal. Certes les "héros" sont des braqueurs, mais ils s'attaquent aux agences de la banque qui a refusé d'aider leur mère malade qui avait pourtant une assurance via cette banque. Cependant je dois admettre que j'espérais un peu plus de cette histoire certes très efficace mais un peu simple malgré tout. Heureusement, Sheridan a écrit de sacrés personnages et de très bons comédiens les incarneront ! Et si Jeff Bridges assure un max dans la peau de ce vieux ranger qui vanne sans arrêt son collègue Indien, j'ai été surtout surpris par la performance de Chris Pine qui prouve qu'il peut jouer autre chose que le beau gosse de films à gros budget. Enfin je me demande encore comment Ben Foster n'a-t-il toujours pas eu d'Oscar ? Ce gars est encore une fois habité par son personnage et dégage un charisme assez fou, notamment lors de cette séquence surréaliste où il mettra en déroute à lui seul M4 à la main un convoi de rednecks lancés à sa poursuite.
Enfin David Mackenzie assure le spectacle avec une très bonne photographie et une réalisation efficace (les séquences dans le désert à la fin sont dignes des meilleurs Western). Comancheria est ainsi un thriller efficace qui rappelle par son humour noir et son approche moderne du Western le classique des frères Coen, mais il lui manque un petit quelque chose pour avoir de vraies chances d'emporter le prix du meilleur film. Je le lui souhaite, car il a beaucoup de qualités, mais en toute franchise, il manque à l'histoire ce ton sombre qui m'avait fait adorer Sicario.
Ma note : ***
cinemacinema, Posté le mardi 14 mars 2017 15:06
J'ai adoré, du polar comme je les aime.